femmes jouant de la musique dans la nature
femmes jouant de la musique dans la nature

Par l’écoute subtile, la conscience s’ancre dans un espace non fragmenté

Le sens de la vue est à la fois extrêmement précieux pour percevoir le monde qui nous entoure, et en même temps il nous enferme.

En effet, le sens de la vue nous projette à l’extérieur de nous-mêmes, il crée une représentation fragmentée du monde et il nous fait perdre recul et discernement.

  • Or à l’époque actuelle, et à plus forte raison depuis l’avènement des écrans qui a augmenté sensiblement la prééminence de la vue, c’est le visuel qui prédomine
  • A contrario, les sociétés ancestrales étaient surtout basées sur l’écoute, qui permettait à nos ancêtres à la fois de s’adapter à leur environnement et aussi d’assurer de bonnes ententes collectives et individuelles

La conséquence majeure de la prédominance du visuel est la perte du repère de l’écoute et donc de ces bonnes ententes avec soi-même, avec les autres et avec l’environnement. Perte d’écoute et donc perte d’adaptabilité et de liberté ; car l’écoute est un support irremplaçable pour ancrer sa conscience dans l’espace intérieur à partir duquel nous pouvons percevoir et nous ajuster finement au monde dans lequel on vit.

L’écoute permet d’appréhender le monde dans ses multiples aspects, des plus grossiers aux plus subtils

Comme nous l’avons dit en introduction, les sociétés ancestrales basaient une partie significative de leurs activités cognitives sur l’écoute, notamment pour :

  • Ressentir et s’adapter à leur environnement
  • Communiquer entre membres d’une communauté et avec les autres communautés
  • Transmettre les connaissances et les sagesses à travers les lieux et les époques

En outre, ces sociétés pratiquaient beaucoup la musique, les chants, les danses et les rituels sonores comme moyens de transmission des connaissances et de reliance avec les dimensions subtiles voire transcendantes.

écoute et cinq elements

Parmi ces connaissances développées par des êtres vivant dans la nature, figure le yoga.

Pour les yogi anciens, notre corps physique est constitué, du plus grossier au plus subtil, des éléments suivants :

  • La Terre, caractérisée par les 5 sens : l’odeur, le goût, la vue, le toucher et l’ouïe
  • L’Eau, caractérisée par les 4 sens de goût, de la vue, du toucher et de l’ouïe
  • Le Feu, caractérisé par la vue, le toucher et l’ouïe
  • L’Air, caractérisé par le toucher et l’ouïe
  • Espace ou Éther, qui correspond au sens de l’ouïe

Pour le yoga, l’ouïe est donc le sens le plus subtil qui soit.

De fait, l’ouïe est capable de percevoir des nuances extrêmement subtiles dans les sons, depuis les sons puissants de la nature jusqu’aux sons internes, avec de grands variations de fréquences, de timbres et de localisations. Toutes ces nuances transmettent des informations, des émotions et des intentions impossibles à percevoir avec les autres sens.

Donc le sens de l’ouïe est à la fois une porte très importante pour appréhender le monde manifesté, et aussi le sens privilégié pour contacter nos dimensions plus subtiles que sont nos corps énergétique, corps mental, corps d’intuition et corps de félicité.

Considérons maintenant le sens de la vue, que nous utilisons majoritairement et de plus en plus.

Intrinsèquement, le sens de la vue nous projette à l’extérieur de nous-mêmes, et il crée une représentation fragmentée du monde

oeil enfermeComme nous l’avons vu plus tôt, le sens de la vue est extrêmement précieux pour percevoir le monde qui nous entoure.

Mais lorsque nos yeux sont ouverts, nous projetons notre conscience vers l’extérieur, ce qui nous conduit à nous oublier (comme lorsque nous regardons un film par exemple). Notons qu’il est possible d’avoir les yeux ouverts sans projeter toute sa conscience vers l’extérieur, dans la contemplation par exemple.

De fait notre cerveau, pour pouvoir traiter une multitude d’informations visuelles, doit mettre en veille d’autres fonctions comme les autres sens.

C’est pourquoi lorsque notre regard est tourné vers l’extérieur, lorsque nous fixons un écran par exemple, nous oublions notre corps et devenons relativement insensibles à nous-mêmes et à notre environnement. Notons au passage que les écrans stimulent le circuit de la récompense, notamment via une forte excitation du sens de la vue ; et donc plus nous utilisons les écrans, et plus ils prennent d’emprise sur notre conscience.

Par ailleurs, le sens de la vue est directement lié au mental, puisque les yeux sont la prolongation extérieure du cerveau. Et intrinsèquement, le mental fonctionne avec des concepts, nés de la fragmentation et de l’opposition : opposition entre le haut et le bas, entre ce que l’on aime et ce que l’on n’aime pas, entre le « je » et les « autres ».

Le sens de la vue est donc à l’origine de la création de catégories mentales, de concepts, qui façonnent une représentation fragmentée et éloignée de la réalité du monde. Si bien très souvent nous pensons plus notre vie que nous la vivons réellement.

Enfin, lorsque nous percevons le monde à travers nos yeux, notre attention est limitée à notre vision centrale. Ceci crée une expérience limitée, avec le sentiment d’avoir « la tête dans le guidon ». Notre conscience est alors centrée sur ce que nous regardons directement et tout le reste, les informations périphériques y compris en provenance des autres sens, est négligé.

Et comme le regard est souvent attiré par des éléments spécifiques tels que des détails, d’autres aspects de l’environnement peuvent passer totalement inaperçus.

C‘est pourquoi le fait de privilégier le sens de la vue fait perdre à la fois le recul et le discernement.

Donc bien que le sens de la vue soit extrêmement puissant et informatif, en même temps il nous éloigne facilement de nous-mêmes en projetant notre conscience vers l’extérieur, en phagocytant les autres sens et en nous enfermant dans une perception fragmentée et très incomplète du monde.

Cette perception fragmentée est la porte ouverte à l’automatisation de la pensée et à la perte de la liberté.

Comment se libérer de l’emprise du sens visuel ?

Comme le disaient les sages grecs, « la seule chose qui ne change pas, c’est que tout change ».

Pour pouvoir s’adapter à un monde en constant changement et pour en approfondir notre connaissance, nous devons donc sans cesse ajuster notre vision des choses.

L’écoute étant le sens subtil par excellence, développer le sens de l’écoute permet d’ancrer sa conscience dans un espace non fragmenté.

écoute conscience enracinement 1

De fait, le son est un médium très efficace pour nous aider à trouver un point d’ancrage intérieur à partir duquel nous pouvons affiner notre perception et notre vision du monde.

C’est par l’écoute que les textes sacrés ont été révélés aux sages.

Dans la continuité de la tradition du yoga, l’approche du Yoga du Son consiste à réintégrer cet aspect subtil qu’est l’écoute, à affiner son écoute en :

  • Observant comment les vibrations émises par la voix se propagent dans le corps physique
  • Écoutant et en reproduisant des successions d’intervalles de plus en plus subtilement
  • Pacifiant le mental grâce aux méditations avec les sons à la fois émis et écoutés en chœur

Dans cette démarche, le visuel est mis au repos ; en fermant partiellement ou totalement les paupières.

En Yoga du Son les yeux sont fermés non pas pour nier la réalité, mais pour attester d’une plus grande réalité, qui n’est pas fragmentée.

En savoir plus sur les :

Stages de Yoga du Son

Formations aux Yoga du Son