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Faire et refaire, c'est toujours méditer

La définition originelle de la méditation

Patañjali, le grand codificateur du Yoga, a défini au début de notre ère la méditation comme un état dans lequel le mental est concentré sur une seule chose, sans effort.

Or naturellement, une activité comme cuisiner, jardiner, peindre, chanter ou autre, focalise le mental et le conduit, lorsque l’attention est maintenue, à l’état de méditation.

Plus une activité est répétée et est pratiquée dans la durée, et plus la méditation s’approfondit, conférant au corps-esprit des capacités de concentration accrues et des facultés particulières dans le domaine pratiqué.

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Avant les machines, les activités quotidiennes avaient un fort pouvoir méditatif

Un artisan qui travaille son matériau chaque jour, pendant plusieurs heures, presque tous les jours de la semaine, presque toutes les semaines de l’année, développe à la fois de grands capacités dans son domaine et aussi de grandes facultés de concentration et donc de méditation.

Avant l’avènement des machines, ne serait-ce que pour pouvoir se loger, manger et s’habiller, les hommes et des femmes étaient régulièrement amenés à avoir des activités psycho-corporelles dans lesquelles leur esprit était focalisé, et donc à pratiquer souvent la méditation sans le savoir !

Aujourd’hui encore, les personnes qui ont un métier qui les amène à être très attentifs, et ce dans la durée (entre autres les travailleurs manuels, les chercheurs et les artistes) pratiquent la méditation quotidiennement dans leurs métiers.

Et c’est probablement un des raisons pour lesquelles ils le font, car ils en retirent les mêmes bienfaits qu’une personne qui pratiquerait la méditation assise plusieurs heures par jour : prise de recul, diminution du stress, meilleur sommeil, meilleure gestion des émotions, auto-guérisons physiques et psychiques, présence accrue, moins de pensées automatiques, esprit plus clair, meilleure qualité de vie, etc

En résumé : Faire et refaire, c'est toujours méditer

En résume, même si les pratiques yoguiques sont des trésors inestimables pour amener les êtres qui le souhaitent à réaliser leur nature de Témoin, qui est au-delà du corps et du mental, tout un chacun peut arriver à la même conclusion en pratiquant et en approfondissant sans cesse sa pratique dans son domaine de prédilection.

Patanjali résume cela avec le magnifique aphorisme IV.22, qui résume toute la démarche du Yoga :

"La connaissance de sa propre nature s’accomplit lorsque le mental prend une forme dans laquelle il ne passe pas d’une chose à une autre"

Notons au passage que réciproquement, tout ce qui agite ou disperse le mental (comme le fait de passer sans cesse d’une activité à une autre) nous éloigne de notre propre nature, qui est Sat-Chit-Ananda c'est-à-dire Êtreté, Conscience et Félicité.


Sri Hanuman et Pere Benoit

Yoga et foi, la poule ou l’œuf ?

Yoga et foi, la poule ou l’œuf ?

Article rédigé d'après les échanges entre le Père Benoît et Sri Hanuman, qui ont eu lieu le 20 mai 2022 à La Roche du Theil (35)

Sri Hanuman et Pere Benoit
Sri Hanuman et le Père Benoit

Les religions et les pratiques spirituelles comme le yoga sont parfois opposées entre elles, notamment en se basant sur la considération que la foi religieuse est bâtie sur des croyances, alors que la pratique spirituelle repose sur des expériences et des ressentis.

La réalité est que cette opposition courante entre croyance et recherche de vérité est plus complexe qu'il n'y paraît, puisque la croyance (en une divinité ou en une Conscience) peut être le moteur de pratiques (comme en bhakti yoga), et que les pratiques peuvent amener à développer la foi intérieure.

Donc en fin de compte, foi et pratique spirituelle deviennent un peu comme la poule et l'œuf : difficile de dire laquelle est apparue en premier !

https://yogasonmeditation.com/cours-yoga/1er-et-2-juin-2024-yoga-du-son-et-therapie-sonore-yoga-et-foi/

Les croyances créent des séparations

Il est un fait que toute croyance, si utile soit elle pour structurer le mental, enferme dans une vision limitée de la réalité. Les croyances réfèrent en effet à des catégories mentales, qui limitent l'expérience du réel par les séparations qu'elles créent : séparation entre soi et son environnement (« je suis un corps, je suis un mental »), séparation entre les êtres (« je suis un employé, je suis un patron, je suis un indépendant, je suis un français, je suis un chrétien, je suis un yogi, etc »). En conséquence, les croyances sont des facteurs de séparations entre les hommes ; et les croyances religieuses ne font bien évidemment pas exception.

Mais au-delà des croyances religieuses, y aurait-il un ferment, une source universelle commune à toutes les religions : chrétienté, islam, bouddhisme, hindouisme, jainisme, taoisme, etc ? Cette source serait-elle différente de l'énergie qui anime les mystiques de toutes sortes (chamanes, yogis, mystiques chrétiens, soufis, etc) ? Si cette source capable de transcender les différences entre les religions et les cultures existe, comment peut-elle être définie ?

Si les chemins sont multiples, le moteur est un : il est appelé la foi

Les croyances sont la partie la plus visible, la plus extérieure et la plus clivante des religions. Mais si on plonge en profondeur dans une pratique religieuse, quelle qu'elle soit, en profondeur nous trouverons un noyau de conscience, un centre universel et profondément humain, qu'on appelle la foi. Au fond, toutes les religions reposent sur et sont l'expression de la foi, qui peut être définie comme l'expérience sans cesse renouvelée de la grâce.

La grâce est l'expression du contact avec sa propre source, et pour se relier à sa source les chemins sont multiples ; car cette source est, paradoxalement, à la fois singulière et universelle. Comme nous sommes son expression, nous sommes à la fois uniques (nos empreintes digitales, notre voix sont uniques, etc) et semblables (nous possédons tous un cerveau, cinq sens, un système locomoteur, etc).

Donc les chemins, les façons de contacter sa propre source, sont différents et multiples. Mais en même temps, pour pouvoir emprunter ces chemins il faut bien un moteur, une énergie qui nous pousse à essayer d'établir un contact notre source, avec cela qui transcende nos différences et notamment notre corps et notre mental, et ce moteur, c'est ce qu'on appelle la foi.

Les différentes expressions de la foi

Cette foi peut être comparée à une flamme qui illumine de l'intérieur, à une présence. Que cela soit conscient ou non, cette présence est basée sur la connaissance de sa véritable nature. Cette connaissance peut s'établir sur des fondements différents, notamment à travers :

  • Le contact avec la nature : la foi peut résulter de la fusion avec les éléments de la nature, de la reconnaissance sa grandeur et du caractère profondément mystérieux et merveilleux des mécanismes qui permettent le miracle de la vie, ce miracle s'exprimant notamment à travers les fonctionnements de notre corps. Les différents cultes de la nature (chamaniques, tantriques, animistes, hindouiste, bouddhistes, shintoiste, taoistes) sont autant d'expressions de cette re-connaissance
  • Le contact direct avec la transcendance : la foi peut résulter de la reconnaissance d'un principe qui transcende le mental, et donc la manifestation, appelée alors le Tao, la Conscience ou le Divin ; étant compris que « le Tao que l'on peut nommer n'est pas le Tao véritable ». Pour les adeptes, ce Principe infiniment subtil, au-delà des sensations, des mots et de la manifestation, cette Conscience originelle est le fondement et le sens de la manifestation

L'individu qui est animé par la foi, qu'il soit en recherche de fusion avec les éléments de la nature ou avec la Conscience, a besoin d'un support. Et ce support, c'est ce qu'on appelle une voie. Les voies de méditation, d'introspection, les voies contemplatives, sont donc des véhicules de la foi.

Les différentes voies sont donc le tronc commun de toutes les religions, et elles reposent toutes sur un socle qui est la foi.

La nécessité de pacifier le mental, voire de prendre refuge

Sur le chemin, la difficulté qui est rencontrée par le chercheur spirituel est le caractère changeant du mental : force est de constater que nous sommes sans cesse ballotés par les mouvements perpétuels de notre mental. Mais en réalité, l'espace central autour duquel toutes ces fluctuations ont lieu est ce qu'on appelle la paix. La prise de conscience de ce point central est fondamentale, et elle passe nécessairement par l'arrêt des fluctuations perpétuelles du mental. Si la rencontre avec ce qui est appelé le Divin, l'Absolu ou la Conscience doit se faire, elle passe donc par la pacification du mental.

Voyons d'un peu plus prêt en quoi consistent ces fluctuations du mental.

Le caractère changeant du mental s'exprime notamment dans l'alternance quotidienne des cycles naturels de veille, de sommeil avec rêves et de sommeil profond :

  • Pendant la journée, nous avons notre conscience des activités du quotidien : nous habitons (plus ou moins) notre corps et nous vaquons à nos occupations quotidiennes.
  • La nuit, il y a un oubli à l'activité physique des devoirs quotidiens. Pendant la phase de sommeil paradoxal, on rêve. Et dans les rêves, la grande liberté dans laquelle l'inconscient peut s'exprimer.
  • Le sommeil profond, où l'individu s'est littéralement oublié à lui-même puisqu'il n'y a plus de mémoire, est une phase de non information du mental

Comme nous nous reconnaissons chaque matin dans le miroir, il existe quelque chose qui unit, ce qui stabilise ces trois natures. Est-ce-que cela peut être du domaine de l'activité de veille, de rêves ou de sommeil profond du mental ?

  • Ce qui est fait pendant la journée est un passage, qui n'aura pas de durée puisqu'un jour il faudra quitter ce corps avec toutes ses fonctions
  • Le rêve est une dissipation du mental, un scénario que l'individu se projette à lui-même, avec plus de liberté que pendant la journée mais qui reste assujetti à l'histoire personnelle, qui ne dure pas non plus
  • Le sommeil profond est l'état de paix immanente, où il n'y a plus d'accroche à quoi que ce soit

Notre nature véritable est le trait d'union entre ces trois états. Où peut-on la contacter ?

  • Dans l'état de veille, nous oublions malheureusement très facilement cette dimension de nous-mêmes, qui est la paix ou l'union absolue. En conséquence, si un individu cherche, à travers ses activités quotidiennes qui dispersent son mental, la vérité et l'union, il sera toujours dans une forme de conflit
  • De la même façon, le propre des rêves étant d'en créer toujours plus, chercher la clarté au milieu de l'imaginaire semble bien hasardeux
  • La troisième voie est la voie du silence, de l'approche intérieure, qui consiste à s'alléger de tout ce qui encombre le mental pour y voir clair et permettre la rencontre avec la vérité, aussi appelée amour ou divin, et qui est au-delà du mental

Donc le cheminement consiste à revenir sans arrêt à la pacification du mental, à faire des pauses pour permettre au mental de décanter ; cela permet de voir plus clair, voire de trouver la paix.

Mais l'existence étant ce qu'elle est, l'effort de pacification du mental doit être renouvelé sans cesse, à l'image de Sysiphe et de son rocher : car quoi que nous fassions, de nouvelles sollicitations apparaissent dans l’espace mental, qu'elles soient liés à la vie quotidienne ou qu'elles émergent du passé.

Le constat qu’il faille sans cesse pousser son rocher pour qu'il roule de l'autre côté de la montagne peut être bien décourageant.

Aussi, les religions et les spiritualités ont eu l'idée géniale de proposer une porte de sortie, la prise de refuge (dans Ishvara Pranidhanani, en Dieu), qui permet de se libérer immédiatement et totalement de l'emprise des conditionnements, en les remettant à la miséricorde divine (ou aux pieds du gourou). Et donc si on pousse la réflexion un peu plus loin, on réalise que le but du Yoga n'est pas tant d'améliorer son quotidien que d'aider les autres à porter leur fardeau, d'alléger les existences de ses semblables en les aidant à se libérer de leurs souffrances, de leur identification au mental.

Conclusion

En résumé, toutes les voies reposent sur la foi et toutes les voies pointent vers un seul fait : la véritable nature de l'être humain est divine. Et dans le même temps, nous sommes tous des individus séparés, nous avons des cultures, des chemins de vie différents.

L'amour, c'est cette rencontre de soi et entre les individus, dépouillée de toutes les différences, dépouillée de toute forme de langage, c'est la rencontre du divin avec le divin.

https://yogasonmeditation.com/cours-yoga/1er-et-2-juin-2024-yoga-du-son-et-therapie-sonore-yoga-et-foi/

https://youtu.be/9NO4JnbFt2A


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Auteur : Claude Lasanté

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